30 ans ou les tribulations d'une femme seule à Paris

Publié le 15/06/2009 à 22:49 par danielleprou
(OU ENCORE : LA VIE DE BOHEME)

J’ai du fêter mes 30 ans d’une manière peu conventionnelle mais dans la musique et la bonne humeur .
Ce n’était pas ma meilleure période , mes amis s’étaient mariés ou avaient déménagé à la suite de mutations professionnelles , moi-même étais restée trop longtemps dans les mêmes fonctions , et je le ressentais davantage à la suite d’un changement de direction .

Bientôt , je changeais de travail , ce qui représentait même un déclassement mais , après trop d’années sans évolution de carrière, cela passait inaperçu, et n’avait au fond pas grande importance . Les personnes qui auraient pu me croire un avenir , dans les premières années de ma carrière , avaient déjà cessé de s’intéresser à moi . C’est ainsi que je n’avais aucune vie sociale établie , à part des femmes aussi esseulées que moi, mais cela a été tant que j’ai été en forme , une alternance de périodes de gaieté et de solitude meublée par la lecture , la musique , et mes occupations professionnelles qui, à défaut de prestige , me procuraient une occupation , un bureau dans un quartier agréable , sans parler du revenu convenable d‘une assistante trilingue d’un bureau de liaison , poste nécessitant une bonne autonomie .

J’avais autour de moi d’autres femmes seules , encore célibataires ou déjà divorcées, et c’est ainsi que j’allais vivre ces années de ma vie parisienne , autour de déjeuners , fous rires , visites d'expositions , après-midi lèche-vitrines et un bon thé dans un cadre agréable , diners dans des restaurants de quartier où nous parlions avec les tables voisines, pour moi concerts et opéras pour lesquels je battais le pavé à la recherche du billet de dernière minute, au milieu de mélomanes fervents et fiévreux , pour qui, autant que pour moi , d’assister à la représentation semblait le but ultime de notre existence . (*)

Je reconnais qu’ entre 30 et 40 ans , dans les années où toute femme devrait idéalement faire et élever des enfants , et/ou se battre pour sa carrière (les deux ensemble, encore bien difficile à concilier ) , je n’ai rien fait d’éclatant , à part essayer de vivre ce qui reste de votre vie, dans une première période , et me battre contre la maladie dans une proportion grandissante à partir de 35 ans .

Je veux bien avouer toutes mes aventures ( pour le moment, on ne m’en a pas prété de fausses , ce qui prouve que les informations sont soigneusement vérifiées ) . Avant 30 ans , on ne peut rien me reprocher (sauf le montagnard suisse de mes 21 ans qui m’apprenait à skier sur le glacier d’été - ce qui me semble bien anodin)(**) , aussi car je suis restée « fruit vert » assez longtemps , ce qui normalement retarde aussi le vieillissement. On ne peut rien me reprocher non plus après 40 ans , période de stabilité - maturité , et d‘efforts professionnels . Il fut effectivement une période où ma vie a été plus agitée , mais vraiment dans une très faible mesure, comparée aux célibataires vivant à Paris , et au cours d‘une période courte , car après 35 ans , ma santé a commencé à se dégrader , je suis entrée dans une phase où on a d’autres soucis que d’avoir un amoureux , phase où j’ai vécu au ralenti , mais toujours avec mes livres et mes cassettes de musique . La période d’avant mon opération a été un vrai cauchemar , ensuite je suis remontée petit à petit à la surface . A 40 ans, je pouvais commençer une nouvelle vie .
Depuis plusieures années , je suis seule, comme je l’ai été entre 35 et 40 ans, et à mon âge , cela n’a que très peu d’importance .

N’importe quelle femme peut avoir eu de nombreuses aventures dans sa vie , (vitalité qui ne regarde qu’elle) si je n’en ai eu qu’un nombre très limité , alors que j’ai toujours été célibataire et disponible ( sauf quelques liaisons et une période décrite ci-dessus ) , c’est que j’ai été exigeante , d’autant que le besoin de faire confiance à quelqu’un n’est pas facile à contenter à Paris , pour une personne manquant de relations . Si les choix peuvent paraître quelquefois incompréhensibles , fantaisistes , ou contraires à toute raison , j’en suis ravie comme d’avoir illustré le dicton « personne ne peut savoir à l’avance ce qui va se passer dans la tête d’une femme (jeune et/même seule) «  c’est au moins le signe que nous sommes bien humains !

(*) depuis l’ouverture de l’Opéra Bastille, j’ai pu réserver deux places , tranquillement de mon fauteuil.

(**) et une première tentative d'"initiation" ratée ( cela arrive souvent dans les cultures où les demoiselles doivent chercher elles-mêmes un compagnon) mais très instructive , à témoin tous les curieux , mais dont les à cotés méchants mais burlesques étaient connus de tous sauf de moi , qui aimerais bien voir quelques illustrations .
Si on me le demande , je dois aussi préciser que ( toutes mes aventures, y compris celles de vacances ayant été soigneusement répertoriées après vérifications ) on ne m'a jamais vu dans un hotel , avec une personne habitant Paris . Si c'est un ami qui vient de l'étranger , il loge dans un hotel, donc c'est là où vous allez le voir .
Quand à 1/m'interdire toute liaison avec un Parisien ( du moins avant mes 40 ans) 2/ me reprocher d'avoir eu une aventure avec un étranger de passage, (et encore pour des liaisons ayant duré plusieures semaines, voire mois) n'y a t'il pas contradiction ?
Ceci dit, je dois aussi dire qu'avant une opération chirurgicale décisive que j'ai eu à 38 ans , j'avais des problèmes qui s'aggravaient petit à petit, et des crises d'angoisse qui me faisaient errer le soir dans Paris ( de marcher dans la foule procure un sentiment de diversion) . Cependant cela n'a débouché sur aucune aventure . Une seule fois, dans ces années particulièrement angoissantes , j'ai essayé de me jeter au cou d'un Français rencontré , je ne me souviens pas où, mais une fois chez lui, le courage m'a manqué et j'ai disparu dans l'escalier . ( lui semble se souvenir très bien de cette lamentable histoire) .